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Comparaison avec une institution : l'exemple du Centre Pompidou

Pourquoi étudier le Centre Pompidou comme institution publique de comparaison ? 

L’utilisation d'Instagram : entre médiation & communication

Le cas des podcast

Conclusion

    Ce musée fait parti des institutions les plus présentes et actives sur les réseaux sociaux et podcasts. Après une rapide exploration des comptes Instagram des grands musées français, le Centre Pompidou apparait comme le “meilleur élève” en terme de parité. Parmi les grandes institutions muséales françaises c’est celle qui est la “plus ouverte d’esprit” sur les questions d’égalité, de représentation des femmes aux sein de ses collections, dans l’organisation de monographies…

 

    Entre 2009 et 2011, un réaccrochage des collections permanentes est organisé : Elles@CentrePompidou. La majorité de l’espace d’exposition du musée est consacré aux créatrices, c’est une première mondiale pour un musée de cette importance. Lors de ce raccrochage, de nombreuses acquisitions d’œuvres de créatrices sont réalisées par le musée pourtant, aujourd’hui, elles sont pour une grande majorité conservées dans les réserves et l’espace d’exposition virtuel permis par le compte Instagram de l’institution ne semble pas faire exception à cette représentation inégalitaire.

 

    À la suite de cet accrochage au Centre Pompidou, la commissaire d’exposition qui en est à l’origine, Camille Morineau, fonde en 2014 l’association Aware. Son but est de rendre visibles les artistes femmes du XX° et XXI° siècles. Ce travail passe par la constitution une base de données fiables recensant les créatrices, leur biographie, et l’évolution de leur travail. Cette base de données très accessible, gratuite et traduite en français et en anglais s’adresse donc à la fois aux institutions mais aussi plus généralement aux spectateurs.

« La grande ambition scientifique d’AWARE est de réécrire l’histoire de l’art de manière paritaire. Il est grand temps de replacer les artistes femmes au même plan que leurs homologues masculins et de faire connaître leurs œuvres. »

    - Camille Morineau

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        Le Musée National des Arts Modernes de Paris (Centre Pompidou Beaubourg) comptabilise environ un million d’abonnés sur leur compte Instagram. Il y partagent différentes informations sous différents types : “posts”, “stories” éphémères ou permanentes, vidéos “IGTV”. À travers ces différents supports il communique des informations diverses et s’adressent à des publics variés.

    Par exemple, les posts classiques servent à partager la reproduction photo d’une œuvre des collections du musée accompagnée de quelques clés pour lire cette création ou quelques détails biographiques sur l’artiste. Mais égaement de diffuser les photos des lieux partagées par les visiteurs et recensés grâce au #LeCentrePompidouVuParVous. Ils permettent également d'informer le public des évènements et manifestations artistiques se tenant à l’intérieur du musée.

    Les stories permettent, de rediriger directement les spectateur vers les pages du site internet (boutique en ligne, librairie, articles d’interview et d’entretiens traitant des expositions/collections, des coulisses…) ou de réaliser des sondages, quizz et autres jeux ludiques pour attirer l’attention des utilisateurs.

    Les vidéos IGTV sont divisées en différentes séries qui ont pour certaines les mêmes objectifs : expliquer une œuvre phare de la collection, un concept/mouvement artistique ou le travail d’un artiste en moins de trois minutes (“Quèsaco”, “2 minutes”, “#PompidouVIP”). La série “Au micro” donne la parole aux visiteurs qui partage leurs expériences d’expositions temporaires. Enfin, certaines vidéos non répertoriées présentent l’agenda des expositions et évènements à venir ainsi que les différents podcasts, des “rencontres” avec certains acteurs du musée répondant ou non aux question des visiteurs.

    Le 8 mars 2019, une vidéo intitulée “Quelle est aujourd'hui la place des femmes dans l'art contemporain ?” réunissait les questions posées par les utilisateurs d’Instagram à la commissaire Karolina Lewandoska. Comptabilisant un peu moins de 400 vues, 13 mentions “j’aime” et aucun commentaire, cette vidéo ne reçois pas l’attention attendue et se trouve parmi les créations les moins efficaces IGTV du musée. Le format ou le sujet inhabituel en sont-il la cause ? Dans la série “Quèsaco”, une seule vidéo sur les 6 s’intéresse au travail d’une artiste et non d’un artiste : il s’agit de la courte analyse de The Frame, une œuvre de Frida Kahlo. Elle est également la moins visionnée de la série : 957 vues au 10 décembre alors que les autres vidéos sont en moyenne visionnées en moyenne 1 317 fois (exception faite de Made in Japan de Martial Raysse qui prend la tête du classement avec 10 656 vues). Dans la série “#PompidouVIP”, Frida Kahlo est également la seule femme de la sélection et sa vidéo est la 3ème plus visionnée (25 534 vues) après celles de Marc Chagall (37 352 vues) et de Robert Delaunay (41 937 vues).

    Ces données nous démontrent à la fois que les artistes femmes sont moins représentées (ce qui laisse croire quelles sont moins présentes dans les collection du musée et plus globalement dans l’histoire de l’art) mais également que leur sort intéresse moins les utilisateurs ciblés par ces courtes vidéos de vulgarisation.

 

    Pourtant, Margaux Brugvin, historienne de l’art spécialisée dans les arts du XX° et du XXI° siècles, publie chaque semaine sur Instagram depuis mars 2020 une courte vidéo de 10 minutes dans laquelle elle présente une artiste femme plus ou moins célèbre. Ce projet qu’elle a en tête depuis longtemps rencontre vite le succès et ses vidéos sont vues par des milliers de personnes. Cela démontre que ce sujet intéresse bien plus qu’il n’y parait.

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    Le Centre Pompidou Beaubourg est également très présent sur les plateformes d’écoute avec pas moins de quatre podcasts : Les visites du Centre Pompidou, Un podcast-une œuvre, L’école pro, Le Mensuel. Animés par des professionnels du musée, ces différents podcasts explorent l’actualité de l'institution et du monde de l’art. Si l’on s’intéresse de plus près au podcast  “un podcast, une œuvre”, la parité est tout juste respectée : sur les 36 épisodes répartis en 7 saisons, 18 sont des créatrices.

    Parallèlement, il existe de nombreux podcasts crées par des amateurs ou des professionnels indépendants et dont les questions sont centrées exclusivement autour des créatrices contemporaines et artistes du passé oubliées ou invisibilisées, et des problématiques qui leur incombent.

    Sans aborder la question de l’engagement féministe à travers tous leurs épisodes, Margaux, Marie-Stéphanie et Julie contribuent néanmoins à la reconnaissance des femmes, quelque soit leur carrière, dans le monde de l’art. Or, comme nous l’avons constaté à travers l’exemple du Centre Pompidou et sa politique d’utilisations des nouveaux médias, les institutions artistiques ne sont pas aussi attentives à cette question. Au mieux, la parité est respectée comme le montre le podcast “un podcast, une œuvre” comme si aucune inégalité n’était remarquable à travers l’accrochage, la collections et les expositions du musée. Au pire, cette institution ignore comme ce fut le cas jusqu’à présent la présence des femmes dans l’histoire de l’art en ne présentant que peu de créatrices à travers ses posts et vidéos Instagram

    Dans son ouvrage, Présentes : ville, médias, politique, quelle place pour les femmes?, paru en 2020 aux éditions Allary, Lauren Bastide évoque dans un chapitre intitulé “présentes dans les médias : internet un espace au rabais ?”, une théorie selon laquelle, l’espace du réseau social serait concédé aux femmes. Les discours professionnels ou militants, en s’y concentrant,cela éloigneraient les femmes des médias traditionnels (sous entendu non-numériques) et d’une prise de parole publique plus importante.

    Tout en conservant des réserves vis-à-vis de cette hypothèse, il me semble que cette question relie extrêmement bien la méfiance et le mépris qui peuvent parfois être associés aux nouveaux médias par le monde de l’art.

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